L’idée de faire appel à l’épargne des Français pour financer l’effort militaire a longtemps été un sujet tabou. Mais à l’heure où les tensions géopolitiques s’intensifient, la France se voit obligée de renforcer ses capacités de défense.
Le budget alloué à l’armée devrait doubler d’ici 2030, atteignant 100 milliards d’euros, avec des investissements massifs dans les industries de défense.
Mais comment financer un tel plan ? La réponse pourrait bien se trouver dans les économies accumulées par les Français, notamment dans leurs contrats d’assurance-vie et leurs placements retraite.
Si cette idée suscite des interrogations et des craintes, il semble qu’elle soit l’option privilégiée par le gouvernement.
Quels sont les contours de cette nouvelle stratégie de financement ? Et quelles conséquences cachent réellement cette proposition ? On fait le point.
L’urgence de la situation : un budget de défense en forte hausse
Le gouvernement français se trouve face à un défi majeur : doubler son budget de défense d’ici 2030, atteignant ainsi 100 milliards d’euros par an.
Ce projet ambitieux, lancé dans un contexte mondial tendu, notamment avec la guerre en Ukraine et la menace russe, implique des investissements colossaux dans l’industrie militaire.
Ces investissements, comme l’a souligné Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée de la semaine dernière, nécessiteront des financements publics et privés.
La question de la mobilisation des fonds reste ouverte. Un emprunt national ? Un livret d’épargne spécial ? Non, pour le moment, c’est bien l’épargne des Français, notamment leur assurance-vie, qui est dans le collimateur.
L’assurance-vie : Une solution d’avenir pour financer l’effort militaire
Selon nos informations confirmées par Le Parisien, le premier axe de réflexion du gouvernement semble être l’exploitation des 2 000 milliards d’euros d’encours en assurance-vie, l’un des placements préférés par les Français.
Avec une collecte mensuelle avoisinant les 4 milliards d’euros, l’assurance-vie représente une véritable mine d’or.
Mais comment mobiliser cette épargne sans provoquer une révolution parmi les épargnants ? Les propositions de Bercy sont encore floues, mais plusieurs pistes commencent à émerger.
La piste d’un fonds défense : l’assurance-vie au service de la nation
L’idée la plus sérieusement envisagée par le gouvernement est la création de supports d’épargne dédiés à la défense, tels que des unités de compte spécifiques pour les contrats d’assurance-vie.
Ces supports seraient conçus pour permettre aux épargnants de soutenir l’industrie militaire française de manière « patriotique ».
Selon le ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, l’idée ne serait pas de confisquer l’épargne, mais bien de la réorienter vers des investissements militaires.
En d’autres termes, il ne s’agirait pas de ponctionner les économies des Français, mais plutôt de leur offrir une nouvelle option d’investissement : un fonds militaire.
Ces fonds spécialisés pourraient ainsi permettre à ceux qui le souhaitent de participer à l’effort de défense en plaçant une partie de leur épargne dans des projets directement liés à la protection nationale.
Cette option ne manquerait pas de séduire les Français soucieux de contribuer de manière « patriotique » à la sécurité de leur pays.
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Le Livret A ou un livret défense : des idées écartées pour l’instant
Bien que la création d’un livret dédié appelé « Livret Défense » ou « Livret Souveraineté » ou de la réorientation des fonds du Livret A ait été évoquée, ces options ne semblent pas être privilégiées par Bercy.
Le livret A, par exemple, bien qu’ayant une grande popularité auprès des Français, est déjà largement orienté vers le financement du logement social et des collectivités locales, avec près de 60 % des fonds alloués à ces secteurs.
De plus, un emprunt national aurait l’inconvénient de peser davantage sur les finances publiques, ce que le gouvernement souhaite éviter.
En revanche, les produits d’épargne existants, comme les contrats d’assurance-vie, offrent une flexibilité bienvenue pour orienter les fonds vers des secteurs stratégiques, comme la défense, sans créer de nouvelles structures complexes.
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Les obstacles : un cadre législatif à assouplir
Cependant, cette stratégie de réorientation de l’épargne vers la défense n’est pas sans obstacles. Actuellement, les règles d’investissement responsable empêchent certains fonds d’investir dans des secteurs comme l’armement et la défense.
Le gouvernement envisage donc un assouplissement de ce cadre pour permettre à des fonds d’investissement, notamment dans l’assurance-vie, de financer directement les industries de défense.
Cette mesure pourrait ouvrir la voie à une nouvelle forme de mobilisation de l’épargne, en phase avec les enjeux géopolitiques actuels.
Conclusion : une mobilisation volontaire mais nécessaire
Le financement de l’effort de défense français semble reposer sur la mobilisation volontaire de l’épargne des Français, notamment via l’assurance-vie et les produits d’épargne retraite.
Cette stratégie, encore en gestation, pourrait permettre de financer des investissements colossaux sans recourir à des hausses d’impôts.
Cependant, elle soulève des questions légitimes sur la nature de cette mobilisation, qui devra rester totalement volontaire et ne pas risquer de porter atteinte à la confiance des épargnants.
Dans tous les cas, cette initiative montre l’importance croissante de l’épargne personnelle dans le financement des projets d’État, une tendance qui pourrait bien se renforcer à mesure que la France poursuit son effort de défense face à des menaces internationales toujours plus pressantes.
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